Thèse – La cartographie des services écosystémiques rendus par les sols : un nouvel outil pour des projets d’urbanisme durable

Thèse – La cartographie des services écosystémiques rendus par les sols : un nouvel outil pour des projets d’urbanisme durable

Informations

Yannick Poyat
Le mercredi 12 décembre 2018 à 14h
Salle polyvalente de la Maison des Sciences de l'Homme (35 allée Ferdinand de Lesseps - 37200 Tours).
Thèse CIFRE, réalisée dans le cadre d'une collaboration entre le bureau d'études Sol Paysage et le laboratoire CITERES de l'université de Tours.
Yannick Poyat – Doctorant en aménagement et urbanisme
yannick.poyat[at]solpaysage.fr
8bis, boulevard Dubreuil – 91400 ORSAY
+ 33 6 67 13 25 80
www.solpaysage.fr
Didier BOUTET - Maître de conférences HDR, université de Tours (Directeur de thèse)
Pascal CHEVALIER - Professeur, université Paul Valery, Montpellier 3 (Rapporteur)
Xavier MARIÉ - Dirigeant, Sol Paysage (Encadrant de thèse)
José SERRANO - Professeur, université de Tours (Co-directeur de thèse)
Jean-Louis YENGUÉ - Professeur, université de Poitiers (Rapporteur)
En France, l’expansion des aires urbaines suit une évolution quasi-linéaire depuis les années 1990, en progressant d’environ 57 000 ha par an. Cette situation soulève une contradiction puisque la progression des surfaces urbanisées induit la perte d’une ressource naturelle non renouvelable à l’échelle de temps humaine : le sol. À l’interface entre la lithosphère, l’atmosphère, l’hydrosphère et la biosphère, le sol représente une composante indispensable au fonctionnement des écosystèmes terrestres et au maintien du bien-être de l’Homme. Le lien entre le sol et le bien-être est perceptible à travers le concept de service écosystémique, soit l’ensemble des avantages et bénéfices dont l’Homme retire de la nature. La progression du phénomène d’urbanisation nous invite donc à penser que les politiques publiques ne considèrent pas le sol comme une ressource mobilisable pour répondre aux enjeux de développement durable. En effet, l’intégration d’une connaissance du sol en urbanisme peut être perçue comme une contrainte par les élus locaux, dans la mesure où cette connaissance contribue à remettre en question l’aspect destructeur de leurs projets urbains. Sous une autre perspective, la poursuite de l’étalement urbain peut également s’expliquer par l’existence d’une dichotomie entre les définitions du sol issues des sciences de la vie et de la Terre et celles issues des sciences humaines et sociales, ces dernières étant dominantes en aménagement et en urbanisme. Pour les pédologues, le sol est une ressource naturelle non renouvelable alors qu’il est considéré comme une ressource foncière pour les urbanistes, soit un outil politique permettant d’assurer les orientations d’aménagement prévues au projet urbain. En ce sens, nous émettons l’hypothèse selon laquelle les élus locaux n’ont simplement pas connaissance des enjeux environnementaux et socio-économiques liés à la préservation des sols. Cette hypothèse présume qu’une connaissance de ces enjeux induirait une gestion moins destructrice de la ressource sol. Un travail d’enquêtes a donc été mené auprès d’élus locaux appartenant à six territoires intercommunaux français pour confirmer ou infirmer notre hypothèse de travail. L’objectif étant de comprendre dans quelle mesure leurs représentations du sol contribuent à influencer la construction du projet urbain. Les résultats obtenus montrent que la connaissance du sol par les élus locaux, au sens pédologique du terme, n’induit aucunement la mise en place de pratiques durables. En revanche, le sol est conservé à partir du moment où les services écosystémiques qu’il supporte sont reconnus d’intérêt général à l’échelle locale. Nous parlons ainsi de valeur sociale, une notion qui traduit une reconnaissance partagée d’un ou plusieurs services écosystémiques par les élus locaux, et plus largement par les habitants d’un territoire. La connaissance de cette valeur sociale peut être considérée comme une étape préalable à la conception d’outils d’aide à la décision, destinés à intégrer la question du sol au sein des processus de planification urbaine.