• AFES - Association Française pour l'Étude du Sol
  • L’AFES est la branche française de l'Union Internationale de Science du Sol (IUSS, International Union of Soil Science)
Tous en Sol, 1 programme – 3 villes : une mobilisation surprise réussie ! 17 juin 2025

Tous en Sol, 1 programme – 3 villes : une mobilisation surprise réussie !

 

Découvrez l’interview de deux porteurs du projet Tous en Sol, Quentin Vincent, Directeur Technique – Expert Sols Vivants chez EODD Ingénieurs Conseils et Florian Franck-Neumann, Coordinateur & Animateur du programme de SRP SOLenVillE  Strasbourg.

Question 1 : Tous En Sol, c’est qui et quoi ?

Le projet « Tous en Sol » est le résultat d’une réponse à un appel à commun (open data) de l’ADEME. Il a commencé en mars 2024 et l’expérimentation se terminera en mars 2026.

Il est porté par l’EODD ingénieurs conseils et soutenu par des structures locales dont nous reparlerons juste après.

L’objectif recherché est d’inclure les citoyens à la question des sols en passant par les Sciences et Recherches Participatives (SRP) pour mettre en commun des questions citoyennes et des questions de chercheurs sur les enjeux liés aux sols urbains.

Il y a donc un travail de captation de données sols mais aussi surtout une envie de récupérer des retours d’expérience sur l’inclusion des citoyens dans un tel projet.

 

Question 2 : Comment est né le projet initialement ? 

Le projet est basé dans l’Est de la France. A la création du projet, une réflexion a été menée pour voir s’il devait se concentrer sur une seule ville ou en inclure plusieurs. C’est finalement la seconde option qui a été choisie. 3 villes ont donc été identifiées :

Dans chacune des villes, le projet se structure autour de 3 grandes étapes :

  • La définition d’une ou des questions citoyennes qui ont vocation à se transformer en questions de recherches au travers de 2 ateliers
  • La conception d’un stage pour répondre aux questions posées
  • La mise en place d’un stage pilote

Afin de commencer la première étape, il a fallu recruter des citoyens puis les inviter à un premier atelier court pour leur permettre de se connaître et commencer à discuter de leur questionnement. Ensuite, un deuxième atelier, en simultanée dans les 3 villes, a été organisé en invitant des chercheurs pour donner leur point de vue sur les questions sociétales évoquées lors du premier atelier et afin de les transformer en question de recherche différenciante de ce qui existe déjà.

 

Légende : Source LinkedIn

Les premiers résultats, c’est-à-dire les données recueillies, doivent servir à alimenter les bases de données mais aussi à accompagner les collectivités et municipalités à s’en saisir pour mettre en place des plans d’action à l’échelle locale.

 

Question 3 : Mais alors, quelles sont les actualités du projet ?

La première étape est terminée dans les 3 villes, avec la réalisation des deux ateliers avec les citoyens et les chercheurs. La période est actuellement au traitement des données et à la clarification de la notion de « stage » pour les partenaires pour passer à l’étape suivante et faire des propositions plus concrètes.

Le projet est actuellement dans une période creuse pour les citoyens, ce qui ramène à la réalité des SRP et le temps long de la recherche. Comment continuer à mobiliser les citoyens et les garder présents jusqu’à la formalisation du stage qui découle de leurs premières réflexions ?

Surtout quand la question citoyenne qui a émergée était si spontanée, pour Strasbourg notamment : la pollution des sols, avec l’exemple concret d’un jardin partagé qui pourrait devenir le terrain de jeux du projet, en accord avec la municipalité, pour expérimenter la transformation d’un jardin pollué en jardin productif, plutôt que de rendre la parcelle inutilisable et ne rien y faire. C’est là que l’on voit l’importance d’inclure les collectivités à la réflexion dès le début.

 

Question 4 : Quelles sont les difficultés rencontrées s’il y en a et les leviers/solutions trouvé(e)s ?

Nous remarquons en écoutant Florian et Quentin que les difficultés ne sont pas les mêmes en fonction des villes et de l’environnement dans lequel il évolue.

En effet, Quentin exprime plutôt une difficulté au début au niveau de la mobilisation citoyenne à Metz et à Nancy alors qu’à Strasbourg, pour Florian, cela a plutôt été facile, avec la dynamique déjà en place grâce à SOLenVillE.
Dans les deux premières villes, le réseau est assez resserré et ce sont toujours les mêmes réseaux qui sont mobilisés, se pose donc la question de la sur-sollicitation ?

SOLenVillE participe au projet Tous en Sol en plus d’autres activités qui permettent au programme de proposer aux citoyens d’autres activités « dans les périodes de creux » pour garder la mobilisation citoyenne.

Mobiliser les réseaux d’acteurs déjà formalisés et qui marchent semble être une clé et un des résultats déjà observés de ce projet.

En revanche, pour Florian, la gestion des différentes temporalités, ADEME / chercheur / citoyen, est effectivement une vrai difficulté avec laquelle il faut réussir à jongler. Le terrain vient alors alimenter la démarche et aider à garder les acteurs mobilisés. Selon lui, la difficulté majeure ne vient pas des citoyens, assez malléables. Dans leur cas, ces derniers sont habitués à la démarche mouvante et cela marche bien avec eux. Cela devient plus difficile avec les chercheurs, difficile à identifier et habitués à avoir un cadre assez structuré dans leur recherche. Dans ce type de projets (SRP), on marche à l’aveugle, pas à pas et les découvertes se font au fur et à mesure au fil des expérimentations.
Les SRP sont faites pour être construites ensemble et ce type de projet permet aux chercheurs notamment d’être confrontés à un autre type de recherche : on avance progressivement, il n’y a pas de réponses ou de résultats avant même d’avoir commencé. “Si on sait dès le départ où on va, ce n’est pas de la “participation.”” (Florian). Cela permet de changer les perspectives et de lever ce frein majeur à l’innovation.

Dans ce contexte, le projet a aussi démontré qu’il n’était pas seulement nécessaire de faire un atelier préparatoire avec les citoyens, mais aussi avec les chercheurs pour les acculturer et les rassurer concernant cette méthode de recherche participative avant de les confronter aux citoyens.

Légende : Crédit : F. Franck-Neumann, SOLenVIllE

Question 5 : Quelles sont les perspectives du projet ?

Que chaque ville reparte avec une idée de stage possible pour continuer l’expérimentation et que cela devienne plus concret avec une méthodologie réflexive et collective.

Concernant le lien avec d’autres projets, c’est peut-être trop tôt pour répondre à la question, ils sont en plein dans le projet et il faudra prendre le temps de dézoomer plus tard.
Mais quelques idées émergent quand même : ils sont conscients que pour répondre à la question de recherche, il faudra se rapprocher de projets qui ont testé des protocoles qui marchent par exemple.

La construction d’un site internet facilitera les liens avec d’autres projets à l’avenir.

Quentin précise qu’il s’agit en réalité de Tous en Sol 2, tourné vers les citoyens. Un Tous en Sol# 1 avait existé, plus tourné vers les professionnels et sans stage. Ainsi, l’exemple de ces expérimentations pourrait ouvrir la voie à d’autres expérimentations par la suite… Tous en Sol #3, pour les scolaires?!

Selon Florian, ce type de projet permet de créer de l’envie et des attentes chez les citoyens et dans les collectivités. Quand le projet s’arrête, eux restent et quand cela a ouvert des vocations, les perceptives peuvent être nombreuses pour créer de nouvelles choses, que ce soit du côté scientifique mais aussi du côté des forces vives mobilisées. Le travail de SOLenVillE par exemple est de ne pas laisser retomber le “soufflet” et rebondir sur un autre projet.

 

Question 6 : Pour finir sur une note positive, le point fort / différenciant du projet ! Qu’est-ce que le projet vous apporte à titre perso/pro ? Un moment particulier/anecdote à raconter ?

Florian, lors du démarrage du programme Tous en Sol, n’avait pas conscience de combien il serait utile pour SOLenVillE de participer à ce programme. Sur Strasbourg, la communauté des citoyen-ne-s est présente, l’animation aussi. En revanche, Tous en sol vient apporter une méthodologie autour de questions de recherche, et vient légitimer les choix faits par SOLenVillE ces dernières années : notamment le fait de financer l’animation de la communauté !
C’est valorisant aussi de se sentir utile et faire que des citoyens et surtout des chercheurs se sentent aussi utiles et entendus autour de projets concrets proches de chez eux !

Pour Quentin, ce projet est différent de ce qu’il fait au quotidien et cela lui fait du bien d’avancer avec des objectifs et une temporalité en ayant beaucoup de liberté. Il prend du plaisir à coordonner ces moments de partage agréables et qui permettent de se poser pleins de questions !
Il est coordinateur et participant en même temps, ce qui lui permet de vivre l’inconfort ressenti par les participants et apprécié de leur faire changer de perspective et de regard sur les SRP qui ont tant à nous apprendre à tous…

Légende : Crédit : F. Franck-Neumann, SOLenVIllE

 

–> En savoir plus sur le réseau de porteurs de projets en sciences et recherches participatives sur les sols ICI.