Impacts des SYSTèmes de maraîchage sur sol vivant sur la multifonctionnalité des sols

Résumé :

Le maraîchage sur sol vivant (MSV) est un ensemble de pratiques agroécologiques qui repose sur trois principes inspirés de l’agriculture de conservation du sol : (1) un apport important de matières organiques pour régénérer les sols, (2) une couverture des sols permanente, avec des plantes vivantes (couverts végétaux), des paillages organiques ou plastiques, (3) la réduction voire l’arrêt du travail du sol. Malgré un intérêt croissant pour ces pratiques culturales, l’impact des systèmes en MSV sur la santé des sols reste encore peu documenté.
L’ADAF a mené une étude en 2024 sur l’impact du MSV sur la santé des sols à travers une étude de terrain sur des parcelles en situation de production dans le Sud-est de la France. Trois systèmes de cultures avec des niveaux croissants de réduction du travail du sol, d’apports de matières organiques et de couverture des sols ont été étudiés : Réf (Référence), MSV-TR (travail du sol réduit), MSV-NT (Non-travail du sol). La santé des sols a été mesurée grâce aux indicateurs Biofunctool® qui évaluent trois fonctions : la transformation du carbone, le maintien de la structure du sol, et le cycle des nutriments.
Les résultats montrent que la santé des sols augmente avec l’augmentation de la réduction du travail du sol, des apports de matières organiques et de la couverture du sol. En comparaison avec le système de référence, le système en MSV-NT a un taux de MO et une teneur en carbone actif significativement supérieurs, ainsi qu’une densité apparente significativement inférieure sur les 5 premiers cm du fait des apports importants de matières organiques. Les deux systèmes en MSV ont montré une activité alimentaire de la faune du sol et une vitesse d’infiltration de l’eau significativement supérieurs au système de référence. La structure visuelle du sol sur les 30 premiers cm a tendance à être meilleure dans les deux systèmes en MSV mais ces résultats ne sont pas significatifs à cause d’une grande variabilité des résultats. Le cycle des nutriments n’a pas été amélioré malgré des taux de MO plus élevés, ce qui suggère qu’il y aurait des immobilisations d’azote en MSV-NT à cause d’apports importants de matières organiques très carbonées.
L’étude montre que le MSV améliore la santé des sols et répond aux enjeux de dégradation des sols et de pertes de services écosystémiques en réduisant les risques d’inondation, d’érosion, de pertes de fertilité et de compaction ; ce qui souligne le besoin de développer ces pratiques sur le terrain. Des études long termes sont à conduire afin d’approfondir les connaissances sur l’impact du MSV sur la structure du sol, sur la dynamique de l’eau et de l’azote, et ce, à différentes profondeurs ; ainsi que pour évaluer l’impact de ces systèmes sur la santé des cultures, la productivité et la rentabilité.