Le cuivre (Cu) est largement et historiquement utilisé en viticulture comme fongicide contre le mildiou. Il a une forte affinité pour la matière organique du sol et s’accumule dans les horizons de la couche arable du sol. Il peut donc avoir des effets négatifs sur les organismes et les plantes du sol, réduisant ainsi la fertilité et la productivité du sol. Les vignobles bordelais représentent 26 % des surfaces viticoles sous AOP France entière et une part importante de la production française de vin (environ 5 millions d’hectolitres par an). Compte tenu du contexte local de la diminution des surfaces viticoles (arrachage des vignes) et de l’éventuelle plantation de nouvelles cultures, la question de la toxicité potentielle en cuivre se pose. Les objectifs de ce travail sont donc d’une part d’évaluer la contamination en cuivre des sols viticoles du bordelais, et d’autre part de produire une carte d’évaluation des risques pour les nouvelles plantations de vignes ou de cultures. Nous avons utilisé des analyses de sol provenant de plusieurs études locales pour construire une base de données constituée de 4496 horizons de sol dans des vignobles bordelais. La base de données a été enrichie au moyen de fonctions de pédotransfert afin d’estimer le cuivre bioaccessible, extractible à l’EDTA (CuEDTA), dans les sols d’échantillons sans mesures. À partir de cette base de données complétée, 1797 échantillons géoréférencés avec des concentrations de CuEDTA dans la couche arable du sol (0-50 cm de profondeur) ont été utilisés pour l’interpolation par krigeage afin de produire une carte de distribution spatiale du CuEDTA dans les sols viticoles. Ensuite, la distribution spatiale du CuEDTA a été croisée avec les surfaces d’arrachage des vignes et les limites des communes. Les concentrations de CuEDTA variaient de 0,52 à 459 mg/kg et présentaient des anomalies évidentes. Les résultats de l’analyse spatiale ont montré que près de 50 % des surfaces de sol viticoles présentent des concentrations de CuEDTA supérieures à 30 mg/kg (présentant un risque modéré pour les nouvelles plantations) et 20 % des concentrations supérieures à 50 mg/kg (présentant un risque élevé pour les nouvelles plantations). Une carte d’aide à la décision basée sur les municipalités a été réalisée pour fournir un outil simple aux parties prenantes concernées par la gestion de l’utilisation des terres.
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